Vind, Carl Rudolph Emil BREV TIL: Rosenørn-Lehn, Otto Ditlev FRA: Vind, Carl Rudolph Emil (1870-07-22)

Kammerherre Vind, Gesandt i St. Petersborg, til Udenrigsminister Baron Rosenørn-Lehn.
St. Pétersbourg, 22/10 juillet 1870.

Monsieur le Baron,

M. de Westmann m’a dit ce matin qu’ayant reçu de Copenhague la nouvelle que le gouvernement du Roi, pendant la guerre qui vient d’éclater entre la Prusse et la France, compte observer une stricte neutralité, le cabinet russe avait, par rapport à cette résolution, invité les cabinets de Paris et de Berlin à respecter cette neutralité. Le gouvernement russe, m’a dit M. de Westmann, ne peut qu’applaudir à la résolution du gouvernement du Roi de rester neutre pendant la lutte qui s’engage. Selon lui c’est pour nous le parti le plus sage à prendre pour toutes éventualités. Il serait utile d’éviter même les apparences d’une conduite qui peutêtre ferait croire que le gouvernement du Roi pencherait plutôt d’un côté que de l’autre. Car, à moins d’événements fort peu probables, la Prusse resterait toujours notre voisin et un voisin avec qui il fallait compter à l’avenir. M. de Westmann a ajouté qu’il était parvenu au cabinet impérial certains indices que le gouvernement du Roi prendrait quelques mesures qui pourraient éveiller le soupçon que la neutralité déclarée s. 515ne serait pas strictement observée. M. de Westmann — sans entrer du reste dans des détails — a même parlé de mouvements de troupes, A cela j’ai répondu qu’il m’était complètement inconnu à quelles mesures fît allusion Son Excellence, mais que j’était convaincu que le gouvernement du Roi, une fois décidé à suivre une ligne de conduite qu’avaient dû lui tracer une sage politique et l’intérêt du pays, n’en dérogerait certainement pas. — Quant à des mouvements de troupes ou à des armements il ne s’en faisait pas, que je sache, chez nous d’extraordinaires à l’heure qu’il est. Le camp de Hald était établi longtems avant qu’il fût question du conflit actuel. M. de Westmann qui m’a dit de savoir fort bien ce qui précède, n’a pas voulu entrer en détails sur quoi étaient fondées les indications surnommées. J’ai ajouté que si ces données provenaient d’une source prussienne, l’accusation portée ce printems dans un journal prussien officieux contre la politique du gouvernement du Roi à l’occasion de la discussion dans le Rigsdag des fortifications de Copenhague et du budget militaire, prouvait assez combien il serait facile aux Prussiens de trouver à quoi s’accrocher s’ils y tenaient. M. de Westmann m’a dit que le gouvernement prussien aurait assez de besogne à combattre l’ennemi qui se dressait devant lui pour vouloir s’en créer de nouveaux, mais qu’en tout cas, selon lui, il serait plus sage, et surtout au commencement de la lutte, de tâcher d’éviter même les apparences d’intentions hostiles. M. de Westmann m’a dit que le cabinet de l’Empereur a l’intention d’écrire à M. de Mohrenheim une dépêche développant Ses vues dans le sens indiqué qui serait communiquée au gouvernement du Roi. Cette dépêche serait expédiée demain ou après-demain.

Votre Excellence jugera, d’après ce qui précède, du langage très-réservé que me trouvant sans instructions, j’ai cru devoir tenir chaque fois qu’il m’a été impossible d’éviter une discussion sur la question du jour. Néanmoins je saurais s. 516vivement gré à Votre Excellence si Ses intentions ne s’opposassent pas à me faire parvenir des directions sur la ligne de conduite à suivre et le langage à tenir qu’Elle jugera utile à nos intérêts en ces circonstances où le silence quelquefois risque d’être mal interprété.

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La guerre est, à l’heure qu’il est, considérée comme inévitable et les efforts des gouvernements anglais et russe pour provoquer une reconciliation, ont cessé ayant été reconnus inutiles. . . .

E. Vind.

Depeche Nr. 26.