Moltke-Hvitfeldt, Gebhard Léon BREV TIL: Frijs, Christian Emil Krag-Juel-Vind FRA: Moltke-Hvitfeldt, Gebhard Léon (1869-11-22)

Grev Moltke-Hvitfeldt, Gesandt i Paris, til Udenrigsminister Grev Frijs.
Paris, 22 novembre 1869.

Monsieur le Comte,

J’ai profité de l’occasion qui s’est offerte à moi avant hier pour entretenir M. le prince de la Tour d’Auvergne de la manifestation patriotique que les habitants du Slesvig du Nord viennent de faire en envoyant à Berlin une députation porteur d’une adresse afin de réclamer du gouvernements. 276prussien l’exécution de l’article 5 du traité de Prague. 1) — J’ai nommément appelé l’attention de Son Excellence sur le chiffre imposant des signatures représentant une population d’environ 200000 âmes, j’ai exprimé le sentiment de regret que l’on devait éprouver en voyant avec quel manque d’égard cette députation avait été traitée à Berlin et enfin demandé à Son Excellence s’il était vrai qu’il avait été question que la députation vînt à Paris. Le prince de la Tour d’Auvergne me répondit qu’on ne s’était pas adressé à cet égard à lui personnellement; qu’une personne ayant des rapports avec la presse étrangère qu’il ne connaissait pas et dont il avait même oublié le nom — j’ai tout lieu de croire qu’il s’agit ici de M. Hansen — s’était adressé à un des secrétaires de son cabinet pour savoir s’il recevrait un ou deux des membres de la députation s’ils se rendaient dans ce but à Paris, Le prince ajouta qu’il n’avait pas cru devoir donner de réponse avant d’en avoir parlé à l’Empereur et qu’après en avoir entretenu Sa Majesté il avait donné une réponse négative, — Nous savions d’une part, me dit le ministre, par les rapports de M. Dotézac que le gouvernement danois improuvait la démarche qui vient d’être tentée à Berlin 2) comme étant inopportune dans les circonstances actuelles; de l’autre nous ne pouvions ignorer qu’en recevant la députation à Paris, nous aurions provoqué en Prusse des récriminations sans que nous eussions été le moins du monde utiles à la cause des Slesvigeois du Nord. Dans ces conditions mieux valait s’abstenir, mais je puis vous assurer que j’ai eu lieu de constater en cette circonstance la sympathie que nourrit l’Empereur pour la cause danoise.

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Après avoir remercié le prince de l’assurance qu’il voulait bien me donner au sujet des sentiments de l’Empereur à l’égard de mes malheureux compatriotes, aujourd’hui injustement séparés de la mère patrie, je lui ai dit que j’appréciaiss. 277certainement les motifs qui en cette circonstance avaient imposé au gouvernement de l’Empereur une attitude pleine de réserve, mais que je croyais de mon devoir de lui affirmer encore une fois que cette question du Slesvig du Nord était et resterait toujours pour le Danemark une question vitale, une question à la solution de laquelle tout gouvernement danois quel qu’il fût consacrerais tous ses efforts, car c’est à elle que se rattachent les désirs et les espérances du pays tout entier.

L. Moltke-Hvitfeldt.

Depeche Nr. 65, modtaget 25. November 1869.