Johan Ludvig Heiberg, 1791-1860 Uddrag fra BREV TIL: Heiberg, Peter Andreas FRA: Heiberg, Johan Ludvig (1840-03-30)

Depuis ma lettre dernière de graves évènements se sont passés dans notre pays. Tu auras appris que notre vieux Roi est mort et que le prinæ Chrétien lui a succédé. La mort d’un Roi est toujours une affaire très-sérieuse, mais surtout sous un gouvernement absolu, et ici l’impression a été sentie d’autant plus vivement, que le défunt Roi avait tenu le sceptre pendant plus de 50 ans, de sorte qu’il était, pour ainsi dire, habitué au peuple, et le peuple à lui. Aussi le bruit répandu de sa mort subite et imprévue a jeté l’alarme dans tous les esprits. Dans ce moment on a senti que le vieux Frédéric avait possédé, malgré tout ce qu’on pouvait lui reprocher, de nobles qualités de coeur et d’âme qu’on ne devrait point espérer de voir entièrement remplacées ; tout le monde a senti ques. 170le pays avait fait une véritable perte sous beaucoup de rapports, et les partis les plus opposés, les opinions les plus divergentes se sont rencontrés dans l’expression de la douleur et de la reconnaissance, en même temps qu’on porte ses regards vers l’avenir, pour les progrès duquel l’esprit du Roi actuel et la hauteur de ses lumières nous promettent des garanties rassurantes.